F**k you, I'm (becoming) famous
Stupeur.
Forcément, je vais en parler. Un soir, je regarde le JT, tranquillement, lorsqu'arrive un reportage sur l'action citoyenne des sportifs français. Je vois un David Douillet endimanché brandir un index fébrile et indigné en direction d'un rond dans lequel figurent cinq autres ronds multicolores et une phrase, un slogan, un cri du cœur : "Pour un monde meilleur".
Un ange passe. Je me moque benoitement du slogan choisi.
Little Boudin s'enquiert : "Il fait quoi Douillet ?
_ Bwaf... chais pas, il a arrêté le sport, il a arrêté les pubs nutella, il a arrêté de raquetter les enfants... ptèt il s'ennuie."
...
Entrée en contact de deux neurones qui passaient par là. Je brandis à mon tour mon index, tout aussi fébrile et indigné, mais bien plus élégant, en direction de la télé. "Mon" slogan. A la télé (aha, prends ça dans ta gueule, M. Je-passe-une-interview-pour-Indeàparis). Obligé, je vais démultiplier mes visiteurs.
Ce qui s'avère être une merveille d'ironie et de cynisme puisqu'en plus de me foutre des JO et du sport télévisé de manière plus générale (en plus, ils vont encore se prendre une tôle), je me gausse de l'initiative citoyenne fébrile et indignée des sportifs français qui a autant de profondeur et d'engagement qu'une manifestation lycéenne.
Ah et tant que je suis à me fâcher avec tout un tas de gens, j'aimerais ajouter qu'entendre parler tous les jours de mai 68, ça me casse les noix : comme disent les jeunes "OSEF". A part peut-être la pub pour Pélerin magazine (j'invente rien - un magazine avec des dossiers de fonds comme "les meilleurs spots pour pécho à Lourdes", "34 jeux de mots avec St-Jacques-de-Compostelle", "Guide comparatif des meilleurs bâtons de pèlerins", "Genèse d'une expression : trois pèlerins et un tondu" mais là, j'avoue, j'invente), pub qui réinvente un slogan soixante-huitard : "faites l'amour, pas avec toi". Du coup moi aussi je veux jouer, et je propose "sous les pavés ta mère".
Mais pour en revenir à ma célébrité naissante, je tiens à préciser, au cas où vous n'auriez pas compris, ou pas tout lu, ça peut arriver, que je ne participe pas de ce mouvement de réprobation à l'égard de la Chine, pays que je soutiens dans sa lutte contre le Tibet : si moi aussi j'avais pour voisins des chauves qui lévitent en robe orange dans des montagnes, j'aurais tendance à ma méfier.
Et je tiens à saluer la clairvoyance d'une certaine Marie qui sut peut-être même avant moi que j'allais parler de ça.